Fils d'un immigré algérien venu s'installer en Alsace, Karim Matmour a débuté sa carrière de footballeur à l'âge de cinq ans, dans le petit club de Vauban Strasbourg. Les recruteurs du RC Strasbourg, qui évolue à l'époque en première division, ne mettent pas longtemps à le repérer et lui proposent d'intégrer leur centre de formation. Matmour effectue ensuite un second passage à Vauban, avant d'attirer l'attention du SC Fribourg, alléché par la technique et la vivacité de cet attaquant en devenir.

En 2004/05, il part tenter sa chance en Allemagne. Il devra cependant faire ses preuves pendant deux ans au sein de la section amateur avant de se voir offrir sa chance en équipe première. Après avoir échoué par trois fois aux portes de la Bundesliga, Matmour a finalement décidé de franchir le pas. A l'été 2008, il rejoint le Borussia Mönchengladbach.

En 37 matches de championnat, le Franco-algérien a inscrit quatre buts. Visiblement, Michael Frontzeck est satisfait du rendement de sa recrue, puisque Matmour débutera la saison 2009/10 avec les Fohlen.

Au fil des ans, l'ancien Strasbourgeois s'est aussi fait une place en équipe nationale. Auteur d'un but dans les qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA, Afrique du Sud 2010, il est l'un des artisans du bon parcours de l'Algérie, qui devance toujours l'Egypte de trois points dans le Groupe C.

Dimanche, les Fennecs recevront la Zambie à Blida, avec la ferme intention de confirmer le succès 2:0 acquis en juin dernier face à ce même adversaire. A quelque jour de ce choc crucial, Karim Matmour évoque pour FIFA.com sa vie au Borussia Mönchengladbach, la rivalité entre l'Egypte et l'Algérie et l'importance de la première Coupe du Monde de la FIFA organisée sur le sol africain.

Karim Matmour, la saison 2009/10 vient de débuter. Quels sont vos objectifs, sur le plan personnel ?
C'est difficile à dire. Le football est un sport collectif et je pense avant tout à l'équipe. Disons que j'aimerais réussir de bons matches et marquer davantage de buts que la saison passée.

Mönchengladbach a dû lutter jusqu'au bout pour le maintien lors du précédent exercice. Quelles sont vos ambitions, cette saison ?
Nous voulons prouver que nous n'avons rien à faire en bas de tableau. Nous avons une bonne équipe, qui ne devrait pas avoir à trembler pour sa survie. Cette année, nous voulons vivre une saison plus sereine.

Cette saison, la concurrence s'annonce rude car le club a recruté en attaque. Quelles sont vos impressions sur vos nouveaux coéquipiers et votre nouvel entraîneur, Michael Frontzeck ?
Notre équipe est très jeune et je pense que c'est une bonne chose que de travailler avec un jeune entraîneur. Nous travaillons dur au quotidien et nous avons déjà réalisé des progrès intéressants. En outre, le coach veut que nous assimilions parfaitement son système de jeu, ce qui me convient tout à fait. La concurrence est une bonne chose au sein du club. Elle ne peut être que bénéfique pour toute l'équipe.

On imagine qu'une place de titulaire à Mönchengladbach consoliderait votre statut d'international.
Tout le monde en Algérie rêve d'une qualification pour la Coupe du Monde 2010. Si je veux faire partie du voyage, je vais devoir faire mes preuves en club. On n'a pas tous les ans l'occasion de disputer un tournoi de cette importance.

Depuis l'arrivée aux commandes de Rabah Saadane, l'Algérie semble avoir franchi un palier. En tant que Français d'origine algérienne, que signifie pour vous le fait de jouer pour le pays de vos parents ?
Je suis né en France, mais mon cœur a toujours été algérien. Je me suis toujours senti cent pour cent algérien. C'est un grand honneur de porter ce maillot. Je suis toujours très ému quand j'entends l'hymne national. Rentrer sur le terrain au son de l'hymne national, c'est quelque chose de fantastique. C'est un sentiment indescriptible.

A mi-parcours de la compétition préliminaire pour la Coupe du Monde de la FIFA 2010, vous occupez la tête du Groupe C avec trois points d'avance sur l'Egypte. Quel regard portez-vous sur la situation ?
Il nous reste deux matches à disputer à domicile. Si nous les gagnons tous les deux, nous aurons fait le plus difficile. Les Egyptiens doivent encore se déplacer deux fois et je ne crois pas qu'ils parviendront à s'imposer. De toute façon, il ne faut pas s'occuper des résultats des autres équipes. Commençons par faire notre part du travail en gagnant ces deux matches !

Quels sont les rapports entre l'Egypte et l'Algérie ? La rivalité qui vous oppose aux Pharaons est-elle aussi forte qu'on le dit ?
J'en avais beaucoup entendu parler, mais ce n'est qu'une fois que j'ai joué le match aller contre l'Egypte que j'ai vraiment pu mesurer l'ampleur de la chose. Le peuple égyptien est très fier, ce qui explique sans doute que cette rencontre déchaîne les passions.

Le 6 septembre, vous affrontez la Zambie à domicile. Qu'attendez-vous de ce match ?
Nous devons impérativement prendre les trois points. Notre objectif est de nous qualifier pour la Coupe du Monde 2010. Nous allons tout faire pour y arriver !

Votre dernière participation à la Coupe du Monde de la FIFA remonte à plus de 20 ans. Que signifierait une qualification de l'Algérie pour Afrique du Sud 2010 ?
Notre qualification est vécue comme quelque chose de très important par tout le pays. C'est une façon de dire que l'Algérie est de retour, non seulement sur le plan footballistique, mais aussi au regard des graves problèmes qu'a connu le pays ces dernières années. Nous sommes tous conscients de ce que représenterait une qualification pour nos compatriotes. Nous avons tous à cœur de montrer que l'Algérie est prête à faire son retour sur le devant de la scène. Une participation à la phase finale serait sans doute la meilleure publicité possible pour notre pays.

Comment le continent perçoit-il cette première Coupe du Monde de la FIFA africaine ?
La Coupe du Monde va mettre tout le continent et l'Afrique du Sud en particulier sous les feux des projecteurs. Beaucoup de gens s'imaginent qu'il n'y a que des pauvres en Afrique. La pauvreté est effectivement un problème, mais l'Afrique du Sud n'a rien à envier aux pays européens. Pour elle, la Coupe du Monde représente une formidable occasion de se montrer sous son meilleur jour.

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